Où en est-on aujourd’hui sur les prothèses mammaires ?

On sent chez les patientes une angoisse persistante concernant les prothèses mammaires. Cette angoisse apparue avec le scandale PIP en novembre 2010 a été récemment entretenue par l’apparition d’un nouveau cancer qui serait lié à certaines prothèses mammaires. 

Cette inquiétude est légitime et je reviens ici sur les deux grandes questions qu’elle soulève. Les prothèses mammaires sont-elles fiables et durables ? Induisent-elles un risque de cancer ? 

Les prothèses mammaires induisent-elles un risque de cancer ?

Malgré de nombreuses mises au point, dont mon article du 17 mars dernier sur le lymphome anaplasique à grandes cellules (LAGC) et mon article du 31 mars sur le modèle d’implant incriminé, je constate que perdure une certaine inquiétude. Du temps a passé, que sait-on de plus ?

Alors que toute l’attention des organismes de santé est mobilisée depuis plusieurs mois, on fait aujourd’hui deux constats : le nombre de cas de lymphome anaplasique déclarés dans le monde n’a quasiment pas progressé et seul un type bien précis d’implant — les prothèses macro-texturées — serait en cause. 

Ce qui se confirme, c’est qu’aucun autre type de prothèse n’est concerné, et que l’on a affaire à un cancer rarissime parmi tous les cancers ; en tout 173 cas de lymphome anaplasique référencés, à rapporter aux 1,7 millions de nouveaux cas de cancers recensés chaque année.

Fiabilité des prothèses, pourquoi le scandale PIP a été utile

Le scandale PIP a fait un tort considérable à notre profession. Avant cette affaire il faut savoir que les chirurgiens se reposaient sur des organismes de certification reconnus et agréés par les pouvoirs publics chargés de certifier la conformité des prothèses. Il ne serait venu à l’idée de personne de remettre en cause un tel organisme de certification — en l’occurrence la société allemande TÜV internationalement reconnue qui avait certifié les prothèses mammaires frauduleuses de la société PIP. Dans cette affaire, la confiance des patientes et des chirurgiens a été gravement abusée. 

Cette crise a fait prendre conscience aux chirurgiens qu’ils devaient eux-mêmes s’impliquer dans le contrôle et qu’ils doivent notamment vérifier de manière scrupuleuse et organisée, le mode de fabrication des implants. Les laboratoires fabriquant les prothèses ont compris que les chirurgiens font pleinement partie du processus de validation des prothèses. Les choses ont donc évolué dans le bon sens.

Collaboration et traçabilité pour rétablir la confiance

Avec mes confrères, nous avons mis en place au sein de nos sociétés savantes (SoFCPRE, SoFCEP) un observatoire sur les prothèses mammaires pour déceler tout incident, de manière à ce qu’aucun signal ne passe sous le seuil de visibilité. 

Les chirurgiens plasticiens sont désormais régulièrement invités par les laboratoires à rencontrer leurs ingénieurs et chefs de fabrication. Ils nous montrent toutes les étapes de fabrication et donnent toutes les preuves de conformité des prothèses :

  • origine et nature du gel

  • procédé de fabrication

  • études biomécaniques de résistance des prothèses

  • méthode de stérilisation des implants

Outre la vérification de conformité, il faut savoir que chaque implant mammaire est désormais traçable. Un numéro de référencement unique assure la traçabilité de chaque implant depuis sa fabrication jusqu’à sa pose, grâce à la parfaite connaissance du fabricant, de la période et du lot de fabrication, de la date d’implantation, de l’identité du chirurgien qui l’a posé et de la patiente qui l’a reçu (l’anonymat est préservé mais la patiente reste identifiable en cas de besoin).

J’ai personnellement visité une usine française de fabrication de prothèses et je témoigne que dorénavant les fabricants demandent leur avis aux chirurgiens. Récemment nous étions une centaine de chirurgiens plasticiens du monde entier réunis à Londres par un important laboratoire producteur de prothèses pour partager nos “retours d’expérience”. Un partenariat attentif est en place.

Les prothèses mammaires sont fiables et durables

Les prothèses mammaires en silicone que j’utilise, qu’elles soient recouvertes d’une mousse de polyuréthane ou à paroi micro-texturée, sont fiables. Il est maintenant aquis que la principale cause de rupture d’une prothèse est l’existence de plis à sa surface qui provoquent une usure de la prothèse par micro-frottements répétés et, finalement, sa rupture. 

De récents progrès ont permis de résoudre le risque de plis :

  1. L’utilisation d’un nouveau gel très cohésif de forme stable créant un implant très souple qui retrouve sa forme initiale quelle que soit la contrainte subie ; ainsi il ne se forme pas de pli. Ce type de gel est aussi bien présent dans les prothèses à surface micro-texturée ou en polyuréthane que j’utilise.

  2. L’utilisation d’une enveloppe micro-texturée dont la résistance à l’étirement ou à la pression est plus de 30 fois supérieure aux normes les plus sévères .

  3. L’utilisation de prothèses anatomiques en polyuréthane qui préviennent les risques de déplacement secondaire et donc de contrainte sur l’implant.

Ces progrès permettent aux fabricants de garantir les prothèses “à vie”. Aujourd’hui ce n’est plus l’usure qui peut justifier un changement de prothèse, c’est le changement de forme du sein. Lorsque par exemple la perte de volume, fréquente à la ménopause, rend la prothèse inadaptée par sa forme, son volume ou sa position, à la nouvelle forme du sein.

A la fiabilité des prothèses s’ajoute la sécurité de cette intervention. Il existe un consensus pour dire qu’une porteuse d’implants doit être suivie par son chirurgien ; pour ma part je les convoque tous les deux ans. Et on dispose avec l’IRM d’un examen très performant pour lever le moindre doute sur l’état d’une prothèse.

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Au sujet des prothèses mammaires, tous les facteurs sont réunis pour que l’inquiétude fasse place à la confiance retrouvée. Les chirurgiens et les laboratoires sont engagés, ensemble, au service de cette magnifique intervention, probablement la plus réalisée et l’une des plus sûres du monde : l’augmentation mammaire.

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