Implants mammaires, responsables d’un nouveau cancer du sein ?

Un nouveau déchaînement médiatique accuse les prothèses mammaires d’être responsables d’un nouveau cancer du sein (cf. Le Parisien du 17 mars abondamment repris dans les médias).

Le ministère de la Santé, trop content de pouvoir détourner l’attention du mouvement de grève des médecins, a annoncé qu’il pourrait interdire la pose de prothèses mammaires en France.

Voyons les faits.

Cancer du sein, les données scientifiques 

Les cancers du sein sont des tumeurs fréquentes. Ils touchent une femme sur 9 ou sur 10, soit 48 à 50 000 nouveaux cas par an en France. Parmi eux, les plus fréquents sont les cancers canalaires et les cancers lobulaires – ce sont les adénocarcinomes mammaires, soit 95% des cancers du sein.

D'autres formes moins fréquentes sont parfois observées : cancer médullaire, mucineux, tubuleux, adénoïdes kystiques ou apocrines, etc.

Il existe des formes encore plus rares, voire exceptionnelles de lésions du sein : les sarcomes mammaires et les lymphomes anaplasiques à grandes cellules (LAGC).

Ce sont ces derniers dont les prothèses mammaires seraient accusées de favoriser la survenue.

Le professeur Garry Brody, spécialiste mondial de ce type de cancer, que j’ai eu l’occasion d’entendre lors du dernier congrès de la Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique (SOFCPRE) en novembre 2014, a évalué l’impact de cette maladie dans le monde.

Il existe aujourd’hui seulement 173 cas recensés dans le monde entier – à comparer au 1,7 million de nouveaux cas de cancer du sein diagnostiqués chaque année (chiffres OMS, décembre 2013).

Sur ces 173 cas de lymphome anaplasique à grandes cellules, 80% sont décrits aux Etats-Unis et 20% dans le reste du monde dont l’Europe. En France, 18 cas sont recensés par l’Institut National du Cancer sur environ 400 000 femmes porteuses d’implants mammaires.

Seul un type d’implants mammaires serait concerné

Ce type de cancer semblerait être favorisé par un type particulier de prothèses mammaires dont l’enveloppe est une enveloppe macro-texturée.

En d’autres termes il s’agit de prothèses à surface rugueuse fabriquées avec du “sel perdu” – salage de la surface des prothèses par projection de sel créant une macro-texturation.

Ceci est encore à confirmer compte tenu du nombre extrêmement faible de cas recensés dans le monde. 

En France, sur les 18 cas recensés de lymphome anaplasique à grandes cellules, 14 cas présentent des prothèses mammaires provenant d’un même fabricant américain (Allergan). Et tous les cas sont porteurs de prothèses macro-texturées par salage. 

Les prothèses que j’utilise ne sont pas incriminées. Il s’agit en effet de prothèses à paroi lisse ou micro-texturées, un type d’implant mammaire dont le procédé de fabrication est totalement différent.

Je n’utilise pas d’implants mammaires macro-texturés.

Prothèses mammaires et cancer du sein, il faut savoir raison garder 

Compte tenu du caractère très exceptionnel de ce type de cancer, les résultats des publications restent sujet à caution et demandent des études scientifiques complémentaires, encore une fois rendues difficiles par le très faible nombre de cas.

Seules les prothèses macro-texturées pourraient être incriminées ; là encore sous réserve d’études supplémentaires.

La recommandation de l’ensemble des organisations de santé est une surveillance régulière des patientes porteuses de ce type d’implants mammaires ; il n’y a à ce jour aucune indication de procéder au retrait systématique de ce type d’implants.

Il ne faut surtout pas accuser les prothèses mammaires de favoriser la survenue d’un cancer du sein : toutes les études publiées depuis plus de 25 ans — il existe plusieurs milliers d’études sur de grandes séries et non sur 17 cas — ont démontré l’innocuité, l’absence d’augmentation du risque de survenue d’un cancer du sein, après la pose d’implants mammaires.

Ce nouveau cancer, appelé lymphome anaplasique à grandes cellules, dont la survenue est exceptionnelle avec 173 cas recensés dans le monde, ne remet pas en cause l’innocuité des prothèses mammaires.

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